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Photo du rédacteurVeronique GENERALI

Le besoin de se raconter des histoires

Dernière mise à jour : 13 févr. 2022

Les histoires nous définissent. Elles sont partout et de tous les temps. L'homme a toujours eu le besoin de se raconter des histoires.

Aujourd'hui, FACEBOOK l'a bien compris et nous propose même de créer nos "Stories" de manière éphémère, puisque leur durée de vie n'est que de 24h.

Comme nous le raconte Yuval NOAH HARARI dans son best seller mondial "Une brève histoire de l'humanité", notre pouvoir d'organisation d'Homo Sapiens repose essentiellement sur notre capacité à raconter des histoires. Ainsi, l'histoire du monde se raconte par les mythes qui ont pour vocation de nous raconter la destinée humaine et le sens de la création du monde. Nous ne pouvons pas vivre sans trouver une explication à tout se qui nous arrive.

Les récits fonctionnent avec notre capacité de symbolisation qui date de 450 000 ans. C'est l'homme de Néandertal qui a été le premier à nous raconter son histoire sur les parois des grottes. Ces traces concrètes et réelles nous renvoient à nos souvenirs d'enfants, quand nous imprimions nos mains sur une feuille blanche ou sur le sable mouillé de la plage. On retrouve ce même principe sur Hollywood boulevard. Ce besoin de se raconter est donc bien un principe archaïque qui perdure.

Comment s'articule un récit ?

Tous les récits présentent des invariants narratifs :

  1. La référence à la nature de l'être, sa raison d'être.

  2. Une liste de personnages incontournables :

- Le héros

- Le destinateur : celui qui pousse le héros à passer à l'action pour accomplir son destin.

- Le destinataire : Un individu ou un groupe à qui l'action du héros va bénéficier.

- L'adjuvant : Celui qui aide le héros dans sa quête. Joseph CAMPBELL l'appelle "l'aide providentielle".

- L'opposant : Celui qui tente de stopper le héros dans sa quête.

Ce qui lie tous ces personnages ce sont les actes de VOULOIR, de POUVOIR et de TRANSMISSION.

C'est toujours l'opposition qui met l'histoire en mouvement. Ainsi la fraternité est obligatoirement liée à la vengeance. Depuis CAIN et ABEL jusqu'à nos plus récentes histoires de trahisons politiques, le scénario reste le même. C'est notre façon de penser, car le monde repose sur des oppositions pour faire sens. Sans le YIN, le YANG n'existe pas. Sans le MAL, le BIEN n'a aucun sens.

Selon A.J. GREIMAS sémiologue et linguiste, une histoire se découpe ainsi :

1) La situation initiale (l'appel de l'aventure)

2) Introduction d'un élément perturbateur.

3) L'action croissante avec le passage des épreuves (l'initiation)

4) L'apogée : c'est le tournant décisif de l'histoire où la tension est à son comble.

5) La résolution : c'est le retournement de situation.

6) Le dénouement : c'est la conclusion de l'histoire où le héros a changé intérieurement. (C'est là où il va transmettre des leçons de vie).


Tous les récits se ressemblent dans leur déroulement. Le principe du STORYTELLING repose sur cette notion. Faire l'impasse sur cette structure fondamentale, c'est prendre le risque de n'intéresser personne. "If you confuse, you lose." dit-on a Hollywood.

Les contes et légendes ainsi que les fables ont la vocation de nous révéler des secrets sous la forme de symboles ou de paraboles, qui nous permettent de franchir les épreuves de notre vie. L'objectif de la forme de ces récits est de plaire en instruisant. A une femme qui demandait à Albert EINSTEIN ce qu'elle devait faire pour rendre son fils aussi intelligent que lui, ce dernier lui répondit : "Si vous voulez que votre enfant soit intelligent, lisez-lui des contes de fées. Si vous voulez qu'il soit encore plus intelligent, lisez-lui encore plus de contes de fées."

Au début des années 2000 est apparu un personnage politique inconnu aux Etats Unis. Son nom : Barack OBAMA. Il a gagné les élections en s'appuyant sur son histoire personnelle avec un slogan simple : "Yes we can". Plus tard, un Donald TRUMP a fait la même chose avec un slogan tout aussi simple :"Make America great again". En France, un autre ovni politique a gagné son élection à la Présidence avec son roman d'amour : Le Storytelling de Brigitte et Emmanuel a gagné tous les coeurs. Le seul souci est son slogan et le nom de son mouvement "En Marche"(EM étant ses propres initiales). Ce qu'il nous proposait était une action de mouvement, certes, mais sans suite, sans nous proposer de conclusion heureuse. On ne peut pas "faire marcher" tout un peuple très longtemps sans la promesse d'une récompense au bout du chemin. Moïse ne dira pas le contraire. On ne s'étonnera donc pas, que son mandat fût très vite perturbé par le mouvement des gilets jaunes, qui ont "marché" sur la capitale et toutes les grandes villes pour exprimer leur ras-le-bol de cette "marche forcée". Quant au fameux en "même temps", cher à son discours général, c'est une hérésie dans la structure d'une histoire. Les événements arrivent toujours dans l'ordre pour faire "progresser" le récit. Enfin, l'humanité a dû faire face à la pandémie du COVID. Selon les étapes du récit de GREIMAS, nous sommes toujours dans l'épreuve, sans voir arriver le "tournant décisif". Sans résolution de cette épreuve, notre récit s'est embourbé dans la confusion. On ne s'étonnera donc pas, qu'un autre ovni politique, utilise au contraire, l'histoire de France pour justifier et restructurer le récit Français, afin de justifier ses prises de positions sans jamais utiliser son histoire personnelle, car le conte de fée ne fonctionne plus. Voilà donc qu'arrive le rôle de "l'opposant", plus à l'extrême que ce que nous connaissions déjà.

Il est toujours intéressant de soumettre les événements de nos vies au filtre de la grille de lecture d'un récit cohérent. On peut deviner très vite où est le détail manquant pour permettre le bon déroulement de l'histoire qui nous est racontée. Voilà pourquoi, en l'absence de récit bien organisé, on voit poindre dans le monde entier, des récits de remplacement, aux allures de révélations improbables et incroyables. L'homme a besoin de trouver coûte que coûte des réponses à ses interrogations. Ainsi naissent les théories du complot.










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